Troubles de la mémoire

De SFDRMG
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Qu’est-ce qu’un trouble subjectif de la mémoire (TSM)?

La plainte mnésique est fréquente à tout âge. La prévalence augmente avec l’âge, de 43% entre 65 et 74 ans à plus de 88% chez les personnes de plus de 85 ans [1].

Le TSM est un trouble ressenti par la personne (et pas toujours par son entourage) qui en général est à l’origine de la consultation et vient seule contrairement à ce qui se passe en cas de troubles mnésiques organiques des déficits cognitifs légers ou des démences.

La mémorisation d’une information repose sur trois processus : l’encodage de l’information, le stockage et la restitution. La clé du diagnostic entre plainte « suspecte » de révéler un début de maladie d’Alzheimer (MA) et plainte « bénigne » repose sur le fait que le trouble principal porte sur la mémorisation (encodage et stockage) dans la MA et sur le rappel et la restitution d’une information mémorisée dans la plainte bénigne du TSM [2].

Le TSM a une sémiologie caractéristique :

- Il porte aussi bien sur le passé récent qu’ancien, beaucoup sur les noms propres ;

- Les informations recherchées reviennent en mémoire spontanément ou après une procédure de recherche;

- Il s’y associe des troubles de l’attention ;

- La gêne est subjective : l’entourage ne s’en aperçoit que si la personne s’en plaint ;

- Il n’y a pas de perturbation des activités de la vie quotidienne, sauf parfois chez des personnes très âgées.

La plainte mnésique bénigne peut s’accompagner de manifestations pycho-affectives mais qui n’affectent pas le comportement. Les TSM sont une plainte majeure des personnes âgées déprimées mais bien que le sentiment de perte de mémoire soit augmenté chez les patients dysthymiques ou anxieux ce n’est pas le cas dans les dépressions majeures [1,2].

Nombre de médicaments notamment à effet anticholinergique ou psychotropes peuvent être responsables de troubles de mémoire.

La plainte de TSM est toujours à analyser avec soin. Elle ne permet pas en elle-même de conclure sur un risque ultérieur de déclin cognitif.

Références :

[1] Llife S, Pealing L. Subjective memory problems. BMJ 2010 ;340:c1425

[2] Derouesné C, Lacomblez L. La plainte mnésique : épidémiologie et démarche diagnostique. Presse Med. 2000 ;29(15) :858-62.

Qualité de la preuve : niveau 3.

Mots clés : Trouble de mémoire [memory disorders].

Qu’est-ce qu’un déficit cognitif léger (Mild Cognitive Impairment – MCI) ?

Le MCI représente un état transitionnel entre le vieillissement cognitif normal et les premières manifestations cliniques de la démence. Les frontières entre vieillissement normal, TSM, MCI et démence débutante sont particulièrement imprécises.

Selon les différentes études épidémiologiques la prévalence varie de 3 à 19% chez les personnes de plus de 65 ans. La plupart évolueront vers une démence dans un délai de 5 ans mais tous les patients présentant un déclin cognitif, voire classées comme MCI, en particulier parmi les personnes âgées, n’évolueront pas vers la démence. D’autres causes sont possibles : dépression, anxiété, consommation de drogues, autres comorbidités. Certains même semblent rester stables ou revenir progressivement à la normale [1].

Selon les critères originaux de la Mayo Clinic le MCI correspond à la présence de troubles de la mémoire corroborés par des déficits objectifs sur les tests de la mémoire épisodique chez des personnes non démentes [2].

De nouveaux critères pour une définition plus opérationnelle, prenant en compte les fonctions exécutives, l’attention, le langage, la mémoire et les compétences visuo-spatiales, permettent de repérer les patients à haut risque d’évolution démentielle [2]:

- Le déficit correspond à une plainte cognitive émanant du patient ou de son entourage ;

- Le sujet ou l’entourage signalent un déclin des performances cognitives et (ou) fonctionnelles ;

- L’indépendance et les capacités fonctionnelles appréciées par les échelles d’activité de la vie quotidienne sont préservées ;

- Un trouble de la mémoire et/ou d’une autre sphère cognitive sont objectivés par l’évaluation clinique.

- Cette altération cognitive n’a pas de retentissement sur la vie quotidienne ; mais le sujet peut signaler des difficultés pour des activités complexes.

Les deux syndromes, MCI et démence, se différencient par l’exigence pour le MCI de la préservation de l’indépendance dans les capacités fonctionnelles. Le manque de conscience des difficultés semble être un facteur prédictif d’évolution vers la démence [2].

Références :

[1] Gauthier S, Reisberg B, Zaudig M, Petersen R, Ritchie K, Broich K et al. Mild cognitive impairment. Lancet 2006; 367: 1262–70.

[2] Petersen R, Caracciolo B, Brayne C, Gauthier S, Jelic V, Fratiglioni L. Mild cognitive impairment: a concept in evolution. J Intern Med. 2014; 275(3): 214–28.

Qualité de la preuve : niveau 3

Mots clés : Déficit cognitif léger [Mild cognitive impairement].