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Quelle est l’origine du scorbut ?Quelle est l’origine du scorbut ?

Le scorbut est une pathologie en relation avec un déficit en vitamine C ou acide ascorbique.

La vitamine C ou acide ascorbique est une vitamine hydrosoluble synthétisée par la plupart des animaux, et végétaux, excepté l’homme [1,2]. Un défaut de synthèse est du à la mutation de la protéine L-gulono-1,4-lactone synthétase ; enzyme qui intervient dans la biosynthèse de l’acide ascorbique [3].

Le besoin quotidien de cette vitamine varie de 50 mg/j pour le nourrisson à 110 pour les adolescents ou les adultes, et 120 mg pour les femmes enceintes [4].

La vitamine C est retrouvée principalement dans les fruits et les légumes. Parmi les aliments ayant une teneur importante en vitamine C, nous retrouvons : le jus d’acérola (1700 mg/100g), le cassis et le persil (200 mg/100g), le brocoli (110 mg/100g), le kiwi (80 mg/100g), les fraises et les litchis (60 mg/100g), les oranges et citrons (52 mg/100g) [1].

La quantité totale chez l’homme exempt de carence varie entre 1,5 et 3g.

La déplétion en vitamine C est objectivée dès lors que le pool total est inférieur à 0,3g, et lorsque l’ascorbémie est inférieure à 2 mg/l [1].

Expérimentalement il a été montré qu’en cas de réduction d’apport, la déplétion cellulaire s’observait au bout de 3 semaines, et les premières manifestations cliniques étaient objectivées dans une fourchette comprise entre 1 et 3 mois.

Références:

[1] Fain O. Vitamine C. La Revue du Praticien 2003 ; 63 (8) : 1091-6.

[2] Hercberg S, Preziosi P, Galan P, Deheeger M, Papoz L, Dupin H. Vitamin status of healthy French population: dietary intakes and biochemical markers. Internal Journal of Vitamin and Nature Rescue 1994; 64: 220-3.

[3] Guilland JC. Vitamines hydrosolubles (II). Vitamines B9, B12, et C. Encyclopédie Médico-chirurgicale. Endocrinologie-Nutrition 2013 ; 10 (1) : 1-18.

[4] Fain O. Carences en vitamine C. Revue de Médecine Interne 2004 ; 25 (12) : 872-80.

Qualité de la preuve: niveau 1

Mots clés : vitamine C – scorbut [vitamin C – scurvy].

Devant quels symptômes évoquer un scorbut ?

Les manifestations cliniques observées dans le cas d’un déficit en vitamine C sont de manière prépondérante les hypertrophies gingivales. Un syndrome hémorragique témoigne d’une carence plus importante, et plus ancienne[1].

Plusieurs types de manifestations cliniques sont décrits [2-5] :

  • Gingivales. Dues à un déficit initial prédominant au niveau de l’hydroxylation du collagène elles se caractérisent par des gingivites, une hypertrophie gingivale, une parodontolyse qui favorise une chute des dents. En fait cette hypertrophie gingivale est favorisée par des altérations des muqueuses surtout au niveau de la gencive marginale et des papilles interdentaires. En parallèle, il existe une fragilisation des dents qui présentent des infections pulpaires, et des caries.
  • Articulaires à type d’arthralgies, myalgies et hémarthroses, hémorragies intramusculaires qui peuvent donner un syndrome des loges.
  • Cutanées :

- Hyperkératose folliculaire associée à un purpura périfolliculaire qui prédomine au niveau des faces d’extension des membres et au niveau de l’abdomen.

- Ecchymoses prédominent au niveau des zones de pression (fesse et face postérieure des cuisses).

- Les poils adoptent une conformation en tire-bouchon du fait de la réduction des ponts disulfure qui favorisent la solidité de la kératine.

- Retards de cicatrisation des plaies.

- Hémorragies sous-unguéales et conjonctivales (en flammèches) également parfois notées.

  • Osseuses : hémorragies du périoste des os longs et des articulations. Le sternum peut s’enfoncer en donnant un rosaire scorbutique (élévation des extrémités des côtes.
  • Vasculaires avec une hypotension qui peut être fatale. Cette hypotension est favorisée par une réduction du tonus basal artériel, ainsi qu’une réduction de la contractilité vasculaire lors des stimuli adrénergiques.
  • D’autres manifestations sont parfois notées : hémorragies intracérébrales, rétrobulbaires ou subarachnoïdiennes qui peuvent être responsables du décès du patient ; syndrome dépressif ; épistaxis répétitives ; syndrome sec (xérophtalmie, xérostomie, kératoconjonctivite).
  • Manifestations générales : anorexie, asthénie, amaigrissement.

Références:

[1] Godard F. Evaluation des cas de déficit en vitamine C et de scorbut dans des services de médecine de l’est de la Réunion. Thèse de Médecine 2014.

[2] Fain O. Vitamine C. La Revue du Praticien 2003 ; 63 (8) : 1091-6.

[3] Guilland JC. Vitamines hydrosolubles (II). Vitamines B9, B12, et C. Encyclopédie Médico-chirurgicale. Endocrinologie-Nutrition 2013 ; 10 (1) : 1-18.

[4] Fitzpatrick TB. Maladies endocriniennes, métaboliques, nutritionnelles, et génétiques. Chapitre 15. Dans : Atlas en couleur de Dermatologie Clinique. France. Ed Flammarion Médecine-Sciences 2005.

[5] Bessis D. Dermatoses carentielles. in: Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. France. Ed. Elsevier 2012.

Qualité de la preuve: niveau 2

Mots clés: vitamine C – scorbut – signes et symptômes [vitamin C – scurvy – symptoms and signs].

Quels sont les facteurs de risque ?

Le scorbut se rencontre le plus souvent au sein de populations précaires.

Un déficit en vitamine C peut être la conséquence d’une carence d’origine pathologique, un trouble du métabolisme, une insuffisance d’apport [1-4]:

  • Carences d’apport : âge (jusqu’à 25% les hommes de plus de 65 ans), consommation d’alcool, trouble du comportement alimentaire (anorexie mentale, cancer), nutrition parentérale exclusive.
  • Anomalies du métabolisme de la vitamine C : consommation de tabac excessive, diabète, dialyse chronique.
  • Malabsorption: maladie de Crohn ou de Whipple.
  • Apports insuffisants dans le cas où les besoins doivent être augmentés : croissance, grossesse, allaitement.

En France, le scorbut est une pathologie qui ne doit pas être sous-estimée. Elle En 2002, en région parisienne, une étude avait permis de noter une déplétion en vitamine C chez 95% des sans abris [5].

Références:

[1] Herceberg S, Preziosi P, Galan P, Dehheger P, Papoz L, Dupin H. Apports nutritionnels d’un échantillon représentatif de la population du val de Marne. Revue Epidémiologique de Santé Publique 1991 ; 39 : 245-61.

[2] Fain O. Vitamine C. La Revue du Praticien 2003 ; 63 (8) : 1091-6.

[3] Hercberg S, Preziosi P, Galan P, Deheeger M, Papoz L, Dupin H. Vitamin status of healthy French population: dietary intakes and biochemical markers. Internal Journal of Vitamin and Nature Rescue 1994; 64: 220-3.

[4] Guilland JC. Vitamines hydrosolubles (II). Vitamines B9, B12, et C. Encyclopédie Médico-chirurgicale. Endocrinologie-Nutrition 2013 ; 10 (1) : 1-18.

[5] Plouvier B, Mars A, Vara M, Andrieu M, Rakotomana P. Lettre. D’une allergie alimentaire à une carence en vitamine. Presse Médicale 2004 ; 33 (14 part.1) : 941.

Qualité de la preuve: niveau 2

Mots clés: vitamine C – scorbut – facteurs de risque [vitamin C – scurvy – risk factors].

Comment confirmer le diagnostic ?

Le diagnostic de scorbut est avant tout clinique, les explorations complémentaires n’ayant pas de spécificité.

  • Radiologie. On peut observer de façon inconstante:

- Un élargissement de l’extrémité antérieure des côtes surtout chez l’enfant (maladie de Barlow).

- Une bande métaphysaire sombre en « bouchon de champagne ».

- Un manchon périosto-diaphysaire (surtout chez les enfants).

  • Biologie

- Le plus souvent anémie hypochrome normo ou macrocytaire, d’origine multifactorielle (déperdition, carence en folates) ;

- Leucopénie, hypocholestérolémie, hypoalbuminémie peu spécifiques ;

- L’ascorbémie est le plus souvent effondrée lors d’un déficit. La valeur normale est comprise entre 5 et 16 mg/l. Cependant, ce dosage doit être interprété en fonction de la présence ou non d’un syndrome inflammatoire qui favorise le transfert de l’acide ascorbique du sérum vers les leucocytes d’où une baisse de l’ascorbémie et une augmentation de l’acide ascorbique leucocytaire, sans modification du pool total de l’organisme.

Le dosage de l’ascorbémie reflète plus les prises récentes d’acide ascorbique que le statut réel de l’organisme. Le dosage de l’acide ascorbique leucocytaire est plus fiable car il représente mieux les stocks de l’organisme, mais il n’est pas réalisé en pratique courante.

Références:

[1] Bessis D. Dermatoses carentielles. in: Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. France. Ed. Elsevier 2012.

[2] Fain O. Vitamine C. La Revue du Praticien 2003 ; 63 (8) : 1091-6.

Qualité de la preuve: niveau 3

Mots clés: vitamine C – scorbut – diagnostic [vitamin C – scurvy – diagnosis].

Quel traitement en cas d’une carence en vitamine C ?

A titre curatif, le traitement consiste à administrer 1 g de vitamine C par jour per os ou par voie injectable. Ce traitement doit être fractionné en plusieurs prises du fait d’une saturation possible de l’absorption intestinale [1-2].

Le plus souvent ce traitement est effectué sur une durée de 15 jours [1].

Des contre-indications doivent être prises en compte : acidose tubulaire, cirrhose, hémoglobinurie paroxystique nocturne, goutte, oxalose [3].

La prévention repose sur une consommation riche en fruits et légumes:

  • Chez les adultes, la principale source d’apport en vitamine C sont les fruits (27%) puis les légumes (hors pommes de terre) (22%) à égalité avec les boissons fraîches sans alcool (essentiellement les jus de fruits) (22%).
  • Chez les enfants, ce sont les boissons fraîches sans alcool (essentiellement les jus de fruits) (37%) qui constituent la principale source d’apport en vitamine C, suivi des fruits (17%), puis des légumes (hors pommes de terre) (14%).

L’administration du traitement permet une correction des saignements spontanés en moins de 24 heures. Les pathologies gingivales disparaissent au bout de 2 ou 3 jours. Les ecchymoses rétrocèdent en 10 jours, et l’anémie en 3 semaines.

Pour assurer la couverture des besoins quotidiens en vitamine C, il est recommandé de consommer 5 fruits et légumes (environ 500 g de fruits et légumes) par jour[1-3-4].

Références

[1] Fain O. Vitamine C. La Revue du Praticien 2003 ; 63 (8) : 1091-6.

[2] Fain O. Carences en vitamine C. Revue de Médecine Interne 2004 ; 25 (12) : 872-80.

[3] Bessis D. Dermatoses carentielles. Dans : Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. France. Ed. Elsevier 2012.

[4]Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Vitamine C ou acide ascorbique. Présentation, sources alimentaires et besoins nutritionnels.

Qualité de la preuve: niveau 3

Mots clés: scorbut – traitement - prévention [scurvy – treatment - prevention].