Maladie d'Alzheimer et démences apparentées (MAAD)

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Quelle est la fréquence de la maladie d’Alzheimer et des démences apparentées ?

Parmi les maladies neurodégénératives, la maladie d’Alzheimer et démences apparentées (MAAD) occupe la première place en termes de fréquence [1].

L’incidence de la démence augmente fortement avec l’âge et, en raison de l’augmentation de l’espérance de vie, le nombre de cas devrait augmenter considérablement avec le temps [2].

La source essentielle des données épidémiologiques françaises sur la maladie d’Alzheimer vient de l’étude PAQUID réalisée en Aquitaine depuis 1989 [3]. C’est une cohorte prospective en population générale de personnes âgées de 65 ans et plus vivant au domicile et tirées au sort à partir des populations de 75 communes de Gironde et de Dordogne. La structure par âge et sexe de cette sous population peut être considérée comme semblable à celle de la population française.

Rare avant 65 ans, après cet âge la fréquence de la maladie s’élève à 2 à 4% de la population générale et augmente rapidement pour atteindre 15% de la population à 80 ans [4]. On estime ainsi que 900 000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer en France. Compte tenu de l’augmentation de l’espérance de vie on devrait atteindre 1,3 millions en 2020 [4].

À partir de projections démographiques nationales en supposant que l'espérance de vie augmentera de 3,5 ans pour les hommes et de 2,8 ans pour les femmes d'ici 2030, le nombre de sujets atteints de démence devrait augmenter d'environ 75% entre 2010 et 2030, avec une augmentation de 200% après 90 ans [2].

Selon les données du Système national d’information inter-régimes de l’Assurance maladie (Sniiram) qui représentent un outil possible pour la surveillance épidémiologique de la maladie d’Alzheimer et autres démences (MAAD) 524 770 cas prévalents de MAAD ont été identifiés fin 2014 (Taux=2,2%, 2,9% chez les femmes et 1,5% chez les hommes). Après l’âge de 70 ans, les estimations de prévalence obtenues dans le Sniiram sont en moyenne 1,6 fois inférieures à celles attendues par rapport à l’étude PAQUID (8,1% versus 12,1%) [1].

Même s’il subsiste une incertitude liée au peu de données disponibles chez les plus âgés, l’accroissement de la prévalence de la maladie d’Alzheimer est une tendance « lourde » plus que probable dont les enjeux sont majeurs [5].

Références

[1] Carcaillon-Bentata L, Quintin C, Moutengou E, BoussacZarebska M, Moisan F, Ha C, et al. Peut-on estimer la prévalence de la maladie d’Alzheimer et autres démences à partir des bases de données médico-administratives ? Comparaison aux données de cohortes populationnelles. Bull Epidémiol Hebd. 2016;(28-29): 459-67.

[2] Jacqmin-Gadda H, Alperovitch A, Montlahuc C, Commenges D, Leffondre K, Dufouil C, et al. 20-Year prevalence projections for dementia and impact of preventive policy about risk factors. Eur J Epidemiol. 2013;28(6):493-502.

[3] Dartigues JF. PAQUID. Cohorte de sujets de plus de 65 ans : « PERSONNES AGÉES QUID ». Date de modification 31/05/2013.

[4] INSERM. Alzheimer (maladie d’). Une maladie neurodégénérative complexe mais de mieux en mieux comprise. MAJ 08/01/2019.

[5] Ankri J. Éditorial. Maladie d’Alzheimer : l’enjeu des données épidémiologiques. Bull Epidémiol Hebd. 2016;(28-29): 458-9.

Qualité de la preuve : Niveau 3

Mots clés : maladie d’Alzheimer ; épidémiologie [alzheimer disease ; epidemiology]

Quelle est l’influence de l’âge sur le développement de la maladie d’Alzheimer ?

Au vu des données disponibles la prévalence de la maladie d’Alzheimer augmente de façon linéaire avec le vieillissement avec des variations en fonction du genre [1].

Selon les données d’une étude coopérative européenne [1,2] entre 65/69 ans, 80/84 ans et 90 ans et plus :

  • La prévalence (nombre de cas connus dans une population à un moment donné) passe :

- De 1,6% à 11% et 22,1% chez l’homme et de 1% à 12,6% et 30,8% chez la femme pour les démences.

- De 0,6 à 6,3 et 17,7% chez l’homme et de 0,7 à 8,4 et 23,6% chez la femme pour la maladie d’Alzheimer

- De 0,5 à 2,4 et 3,6% chez l’homme et de 0,1 à 2,3 et 5,8% chez la femme pour les démences mixtes

  • L’incidence (nombre de nouveaux cas sur une période donnée) pour 1000 personnes-années passe :

- De 2,4% à 27,6% et 40,1% chez l’homme et de 2,5% à 34,1% et 81,7% chez la femme pour les démences.

- De 0,9% à 14,8% et 20% chez l’homme et de 2,2% à 27,3% et 69,7% chez la femme pour la maladie d’Alzheimer.

- De 1,2% à 8,3% et 10,9% chez l’homme et de 0,3% à 4,5% et 7% chez la femme pour les démences mixtes

Ainsi les taux de prévalence de la maladie d’Alzheimer augmentent rapidement avec l’âge.

Le sex-ratio hommes/femmes varie également en fonction de l’âge, le taux de prévalence étant supérieur chez les hommes avant 70 ans puis chez les femmes après cet âge : sex-ratio =1,29 (IC 95% = 1,27-1,31) avant 70 ans vs 0,74 (0,73-0,75) après 70 ans (p <0,0001) [2].

Mais ces données doivent être interprétées avec prudence. Plusieurs études montrent une absence de corrélation stricte entre le degré d’atteinte cognitive et l’importance des lésions neurologiques observées à l’imagerie. Des centenaires peuvent présenter des anomalies neuropathologiques importantes sans trouble cognitif et inversement des sujets plus jeunes peuvent présenter des troubles cognitifs importants sans lésion neuropathologique décelable [1,2].

Références

[1] 29_0.html Ankri J. Éditorial. Maladie d’Alzheimer : l’enjeu des données épidémiologiques. Bull Epidémiol Hebd. 2016;(28-29): 458-9.

[2] Carcaillon-Bentata L, Quintin C, Moutengou E, BoussacZarebska M, Moisan F, Ha C, et al. Peut-on estimer la prévalence de la maladie d’Alzheimer et autres démences à partir des bases de données médico-administratives ? Comparaison aux données de cohortes populationnelles. Bull Epidémiol Hebd. 2016;(28-29): 459-67.

Qualité de la preuve : Niveau 3

Mots clés : maladie d’Alzheimer ; distribution en fonction de l’âge [alzheimer disease ; age distribution].

La maladie d’Alzheimer peut-elle être héréditaire ?

On distingue deux formes de la maladie d’Alzheimer : la forme sporadique, la plus répandue chez les personnes âgées et la forme héréditaire beaucoup plus rare.

Les formes héréditaires représentent 1,5% à 2% des cas. Elles se déclarent presque toujours avant 65 ans, souvent autour de 45 ans.

10% des cas avant 65 ans concernent des formes familiales rares de la maladie.

Dans la moitié de ces cas, des mutations rares à l’origine de la maladie ont pu être identifiées [1].

La susceptibilité individuelle à la maladie possède aussi une composante génétique, puisque le risque de développer la maladie est en moyenne multiplié par 1,5 si un parent du premier degré est touché, et par 2 si au moins deux le sont.

Le début précoce de la maladie (avant 60 ans) suggère la forme précoce autosomique dominante et nécessite un arbre généalogique précis. Le conseil génétique doit être proposé aux familles concernées [2].

Références

[1] INSERM. Alzheimer (maladie d’). Une maladie neurodégénérative complexe mais de mieux en mieux comprise. MAJ 08/01/2019.

[2] Guyant-Marechal L. Maladie d'Alzheimer précoce autosomique dominante. Orphanet. Le portail des maladies rares et des médicaments orphelins. MAJ Décembre 2019.

Qualité de la preuve : Niveau 3

Mots clés : maladie d’Alzheimer ; hérédité [alzheimer disease ; heredity].

Peut-on identifier des facteurs de risques de développer une maladie d’Alzheimer ?

Des facteurs liés au mode de vie peuvent réduire ou augmenter le risque de développer une démence.

Le diagnostic de démence est souvent retardé en raison d'une croyance erronée qu’il s’agit d’une conséquence naturelle du vieillissement ou en raison de la réticence d'une personne à demander de l'aide à propos de ses problèmes de mémoire.

Bien que les signes de démence se manifestent assez tard dans la vie des troubles pathologiques cérébraux cliniquement silencieux se développent plusieurs années auparavant [1,2].

En incorporant des facteurs de risque potentiellement réversibles à différentes phases de la vie et pas seulement de la vieillesse, la « Commission du Lancet sur la prévention, l'intervention et les soins de la démence » [1] a calculé que plus d'un tiers des cas de démence pourraient théoriquement être évitables.

Une augmentation de l'éducation et de l'exercice durant l'enfance, le maintien de l'engagement social, la réduction ou l'arrêt du tabagisme et la gestion de la perte auditive, de la dépression, du diabète, de l'hypertension et de l'obésité sont des facteurs de risque qui affectent le cerveau et pourraient tous contribuer à la prévention ou au retard de la démence.

Bien que l’intervention sur un certain nombre de facteurs de risque modifiables, notamment l’isolement social et la baisse de l’audition, ait un effet positif sur la prévention de la démence [2] l’âge reste le principal facteur de risque non modifiable.

Références.

[1]. Livingston G, Sommerlad A, Orgeta V, Costafreda SG, Huntley J, Ames D, et al. Dementia prevention, intervention, and care. The Lancet. 2017;390(10113):2673 734.

[2]. Overview. Dementia, disability and frailty in later life – mid-life approaches to delay or prevent onset Guidance. NICE. Octobre 2015.

Qualité de la preuve : Niveau 3

Mots clés : maladie d’Alzheimer ; démence ; population à risque ; prévention [alzheimer disease ; dementia ; factor, risk ; prevention].