Addictions : cannabis

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Cannabis

Quels sont les effets à court terme de la prise de cannabis ?

Une « ivresse cannabique », après un délai de:

  • 15 à 20 minutes par inhalation chez le consommateur occasionnel, un peu plus chez le consommateur régulier;
  • 4 à 6 heures par ingestion.

Dure plusieurs heures : de 4 (« petit » joint) à 24 heures (forte dose).

  • Euphorie en général modérée, sentiment de bien-être, puis somnolence, affaiblissement de la mémoire immédiate et trouble de l’attention, altération des performances psychomotrices, de la coordination motrice et allongement du temps de réaction (selon la dose, la tolérance et l’individu).
  • Signes cliniques : rythme cardiaque accéléré, hypotension orthostatique, dilatation des vaisseaux périphériques, parfois céphalées, hypersudation, yeux rouges, toux. Il y a souvent aussi un accroissement de l’appétit.

Références

Mots clés : cannabis – addiction – effets indésirables.

Qualité de la preuve: études épidémiologiques

Y a-t-il un risque de décès après un usage ponctuel de cannabis?

  • Pas de surdoses graves, de cas de décès après intoxication isolée de Δ9-THC, pas de dose létale connue chez l’homme.
  • Seul risque mortel connu : accidents de la voie publique

Dans l’étude SAM (2005), le risque d’accidents de la route est multiplié par 1,8 avec le seul cannabis, par 8,5 pour l’alcool, par 14 lorsqu’ils sont associés ; parmi les 11 000 conducteurs de l’étude impliqués dans un accident mortel, 10 % étaient « positifs » au cannabis, 17 % chez les moins de 25 ans. Le risque croit avec les taux sanguins, passant de 1,5 pour un taux de Δ9-THC<1 à 2,13 pour un taux >5 (pour l’alcool, 2,7 pour une alcoolémie < 0,5, 40 si elle est > 2 g/l).

Mots clés : cannabis – addiction – effets indésirables.

Qualité de la preuve: études épidémiologiques

Quelle est la mortalité liée au cannabis ?

  • Environ 3 fois celle des non usagers
  • Causes : SIDA (hommes), morts violentes et suicides (hommes et femmes), risque d’autant plus élevé que la consommation de cannabis est forte.

Ces surmortalités s’annulent ou s’affaiblissent considérablement après la prise en compte des variables socio-économiques ou de la fréquente polyconsommation de ces personnes.

Références:

Mots clés : cannabis – addiction – mortalité

Qualité de la preuve: études épidémiologiques

Le cannabis induit-il une dépendance?

Dépendance comparable à celle de l’alcool, sans syndrome de sevrage à l’arrêt

La dépendance au cannabis est liée à la capacité du Δ9-THC d’induire une libération de dopamine, modérée, comparable à celle de l’alcool, très inférieure à celle de l’héroïne ou de la nicotine. Elle est surtout comportementale, avec désir compulsif de consommer chez environ 10 % des usagers (15 à 20 % des adolescents). Elle régresse spontanément dans 2/3 des cas entre 20 et 25 ans, dépend de la teneur – variable – du produit en Δ9-THC, surtout de l’intensité et de la durée de la consommation. Il n’existe pas de syndrome de sevrage, simplement parfois anxiété, irritabilité, agitation, troubles du sommeil, cédant à la reprise.

Référence : Laqueille X. Troubles psychiatriques liés, induits ou associés au cannabis. Rev Prat 2005;55:30-4.

Mots clés : cannabis – addiction – dépendance

Qualité de la preuve : études épidémiologiques

Y a-t-il un lien entre consommation de cannabis et troubles psychiatriques ?

  • Consommateurs de cannabis : risque ultérieur de schizophrénie multiplié par 2.
  • Abus et dépendance : plus fréquents chez les schizophrènes.
  • Le cannabis s’oppose aux effets des traitements antipsychotiques ou thymorégulateurs.

L’abus et la dépendance sont plus fréquents chez les schizophrènes que dans la population générale (15 à 40 % vs. 5,6 à 7,7 %). Trois explications sont proposées pour l’expliquer :

  • l’automédication, le cannabis réduisant angoisses et autres troubles. Cela pourrait concerner 1/3 des cas ;
  • l’induction directe des troubles psychotiques par le cannabis. Sur 50 000 conscrits suédois le risque de schizophrénie était sextuplé chez les consommateurs face aux non consommateurs (3,8 % vs. 0,6 %), le niveau de consommation et l’âge précoce du début étant facteurs péjoratifs ;
  • une vulnérabilité individuelle, montrée dans des études de cohorte.

Références :

Mots clés : cannabis – addiction – troubles mentaux.

Qualité de la preuve : études épidémiologiques

Quelles sont les autres nuisances peut être « associées » à la consommation de cannabis ?

  • Maladies cardiovasculaires.
  • Cancers.
  • Troubles respiratoires.
  • Troubles cognitifs et syndrome « amotivationnel ».
  • Maladies infectieuses.

Maladies cardio-vasculaires associées au cannabis ?

  • Accidents vasculaires coronariens et cérébraux : en débat.
  • Artériopathies

Dans une petite étude (124 consommateurs de cannabis), le risque relatif d’infarctus myocardique apparaît 4,8 fois plus élevé (IC 95 % [2,4-9,5]) 60 minutes après usage du cannabis. A confirmer par des études plus puissantes. Par accord professionnel, il est d’usage en cas d’artériopathie inhabituelle chez le sujet jeune de rechercher une intoxication cannabique chronique.

Référence: Mittleman MA, Lewis RA, Maclure M, Sherwood JB, Muller JE. Triggering Myocardial Infarction by Marijuana. Circulation. 2001:103:2805-9.

Mots clés: cannabis – addiction – risque vasculaire

Qualité de la preuve : études épidémiologiques

Cancers associés au cannabis ?

Langue, amygdale, larynx et voies aériennes supérieures, plus rarement vessie et prostate ; col utérin ?

Les goudrons de la fumée du cannabis (3 à 5 fois plus élevés qu’avec la fumée de tabac) sont incriminés. Mais il existe de nombreux facteurs confondants, notamment l’alcool et le tabac.

Références:

  • Mallaret M, Dal’Bo-Rohrer D, Demattéis M. Effets somatiques liés à la consommation de cannabis. Rev Prat 2005; 55 : 41-9.

Mots clés : cannabis – addiction – cancer.

Qualité de la preuve : études épidémiologiques

Troubles respiratoires associés au cannabis ?

Altérations incertaines semblables à celles provoquées par le tabac.

Références :

  • Mallaret M, Dal’Bo-Rohrer D, Demattéis M. Effets somatiques liés
à la consommation de cannabis. Rev Prat 2005; 55 : 41-9.

Mots clés : cannabis – addiction – troubles respiratoires.

Qualité de la preuve : études épidémiologiques

Troubles cognitifs et « syndrome amotivationnel » associés au cannabis ?

Association incertaine, de même que l’effet de l’arrêt de la consommation

Il a été évoqué des altérations des performances comportementales, sociales, scolaires et professionnelles, avec difficultés de l’attention, de l’apprentissage, désinsertion sociale, indifférence affective, pauvreté idéatoire. Il semblerait que ces usagers soient souvent en situation d’échec avant même le début de la consommation. Les troubles seraient réversibles en quelques semaines, mais le début précoce de la consommation, sa durée et son importance seraient des facteurs prédictifs de persistance.

Références:

  • Karila L, Vignau J, Alter C Reynaud M. Altération cognitive liée à la consommation aiguë et chronique du cannabis. Rev Prat 2005;55:23-6.

Mots clés : cannabis – addiction – troubles cognitifs.

Qualité de la preuve : études épidémiologiques

Maladies infectieuses associées au cannabis ?

Maladies sexuellement transmissibles ? Perturbations du système immunitaire ?

Le risque est difficile à évaluer. Il concerne avant tout les maladies sexuellement transmissibles qui pourraient être en partie sous-tendues par une prise de risques sexuels en cas de consommation de cannabis. Des perturbations du système immunitaire ont également été évoquées dans l’apparition d’autres pathologies infectieuses (tuberculose pulmonaire) ou encore d’autres risques en ce qui concerne la reproduction (troubles de la fertilité pour les deux sexes, troubles de développement intra-utérin), des malformations congénitales et certaines tumeurs de l’enfant. Le cannabis n’a pas de rôle dans la progression du stade de séropositivité du SIDA.

Référence :

Mots clés : cannabis – addiction – maladies infectieuses.

Qualité de la preuve : études épidémiologiques

Le cannabis augmente-il le risque d’usage d’autres drogues ?

La consommation de cannabis est largement associée à celle du tabac et de l’alcool, particulièrement chez les jeunes garçons.

En 2001, 17 % des garçons de 18 ans avaient une consommation régulière de tabac et de cannabis, et 8 % de tabac, cannabis et alcool. Dans une enquête auprès de 15 200 usagers de cannabis, consultants des « consultations cannabis » la quasi-totalité des usagers dépendants fument du tabac ; près de 20 % des consultants font un usage régulier d’alcool, augmentant avec la fréquence de consommation ; 1 sur 4 avait expérimenté l’ecstasy.

Référence :

Mots clés : cannabis – addiction – toxicomanies.

Qualité de la preuve : études épidémiologiques

Peut-il y avoir un cannabisme passif ?

Aucun effet clinique démontré de l’inhalation passive de la fumée de cannabis.

Par analogie avec l’étude des effets sur la santé de l’exposition passive à la fumée de tabac, la question de la fumée de cannabis a également été posée. Il est possible de détecter du THC dans les urines ou dans la salive de personnes exposées passivement au cannabis en milieu confiné, comme à l’intérieur d’un véhicule. Mais aucune étude n’a actuellement permis de montrer un effet clinique de l’inhalation passive de la fumée de cannabis.

Référence:

Mots clés : cannabis – troubles liés à une substance.

Qualité de la preuve : études épidémiologiques

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